Charlotte Rocher : « Les viols de rue ou viols de prédation, ne sont pas de simples faits divers mais révèlent une tendance alarmante en France. »
Entretien avec Charlotte Rocher.
Fille de militaire, Charlotte Rocher a beaucoup voyagé avant de s’installer à Paris. Devenue parisienne, elle rejoint le réseau social Twitter/X, où elle partage son vécu des problèmes urbains, notamment le harcèlement de rue, l’insécurité et la dégradation de l’espace public.
Par son regard critique et sa liberté de ton, la jeune femme s’est rapidement imposée parmi les grandes figures du débat public en ligne. Charlotte Rocher, qui se décrit comme une ‘vélotaffeuse’ convaincue, ‘féministe non woke’ et ‘végétarienne’ , est une jeune femme engagée. Militante active pour la défense des animaux, elle s’est également investie en politique en se présentant aux élections municipales de 2022 dans le 18e arrondissement de Paris sur la liste de Pierre Liscia (LR).
Malgré son mode de vie et les causes qu'elle soutient, Charlotte Rocher ne correspond pas à l'image typique de la bobo parisienne. La jeune femme affiche ouvertement des convictions de droite libérale, qu'elle revendique fièrement.
Dans cet entretien accordé à La Lanterne, Charlotte Rocher met en lumière le sens de ses engagements en revenant sur le détournement du féminisme par la gauche, la mauvaise gestion de la Ville de Paris par Anne Hidalgo, et la propagande diffusée par le NFP et LFI.
LA LANTERNE : Vous vous revendiquez ‘féministe non woke’. Cela signifie-t-il que la plupart des féministes actuelles adhèrent aux idées du wokisme, voire les plébiscitent ?
Charlotte Rocher : Je considère que la gauche a trahi le féminisme. Au fil du temps, les mouvements de gauche ont détourné la cause féministe au profit d'autres luttes et idéologies. Désormais, le féminisme doit s’adapter à l’intersectionnalité des luttes, une notion centrale de l’idéologie woke, consistant à instaurer une hiérarchie des “oppressions”: certaines personnes sont ainsi considérées plus “opprimées” que d’autres en fonction de leur sexe, de leur « genre », ou encore de leur couleur de peau.
C’est la conjonction, ou non, de ces différentes oppressions qui détermine si vous êtes “plus ou moins” une victime. Appliqué au féminisme, ce système conduit à passer sous silence certaines violences sexuelles en fonction de l’origine de l’agresseur ou à accepter des idéologies ou des pratiques purement misogynes, comme le port du voile islamique.
L’exemple de Claire Geronimi illustre bien cette dérive. En novembre dernier, cette jeune femme a été brutalement frappée et violée dans le hall de son immeuble à Paris par un homme étranger sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).
Face à ce drame, ces militantes de gauche, se réclamant indûment du féminisme, ont fait preuve d’un silence assourdissant. En revanche, elles sont omniprésentes dans les médias lorsqu'il s'agit de dénoncer des personnalités comme Gérard Depardieu, Serge Gainsbourg ou l'abbé Pierre.
Plus inquiétant encore, ces violences ne suscitent parfois que leur mépris : la députée LFI Ersilia Soudais a récemment qualifié de « fait divers » le viol d’une jeune femme par un étudiant guinéen.
Les viols de rue ou viols de prédation, ne sont pas de simples faits divers mais révèlent une tendance alarmante en France, notamment à Paris. Contrairement aux viols intra-familiaux qui touchent toutes les classes sociales, les viols de rue sont principalement commis par des « marginaux ». Chaque année, on recense une centaine de viols de rue à Paris, et selon les sources policières, les agresseurs sont majoritairement des hommes étrangers, sans papiers et issus d'une immigration récente.
Le féminisme de gauche refuse de dénoncer ces agresseurs par crainte de créer un amalgame entre eux et les étrangers en situation irrégulière ou précaire. Dans leur idéologie, le marqueur racial occupe une place centrale, ce qui remet en cause leur féminisme : les auteurs de violences sexuelles ne devraient pas être jugés selon leur couleur de peau.
Prétendant être animées par des intentions humanitaires et antiracistes, ces femmes adoptent une approche raciste dans le choix de leurs combats.
Cela se reflète également dans leur position sur le voile islamique : craignant de stigmatiser les musulmans, qu'elles présentent comme une catégorie opprimée, ces militantes ont progressivement érigé le voile en symbole d'émancipation féminine, reprenant le discours des Frères musulmans.
Considérer le voile comme une prescription religieuse de l’islam, est une erreur car le Coran ne le mentionne pas explicitement. Cet outil de ségrégation des femmes, popularisé par les Frères musulmans dans les années 1930, sert aujourd’hui de levier pour l’entrisme islamique en Europe.
Loin d’être émancipateur, le voile islamique est l’emblème d’une idéologie profondément misogyne et archaïque qui vise à effacer les femmes de l’espace public. Ces renoncements successifs plébiscités par une grande partie des mouvements de gauche leur retirent toute prétention à parler de féminisme.
Le concept de féminisme, tout comme celui d'écologie, a été dévoyé par la gauche. Ces militantes monopolisent également l'espace médiatique, où elles sont constamment sollicitées pour exposer leur idéologie, confisquant le débat sur le féminisme. Il en est de même concernant l’écologie. Mon engagement vise à rappeler que ces monopoles ne sont absolument pas fondés, et que la réflexion sur ces sujets reste vive à droite.
LA LANTERNE : Quelle est votre vision du féminisme ?
Charlotte Rocher : Mon féminisme est celui d’Elisabeth Badinter que désormais les militantes de gauche traitent allègrement de « réac ». C’est un féminisme universaliste qui traite et considère toutes les femmes de la même manière, sans aucun sectarisme. Il y a une lutte commune partagée par les femmes mais aussi par les hommes car comme toute lutte, le féminisme est l’affaire de tous.
LA LANTERNE : Depuis 2019, vous avez à plusieurs reprises dénoncé le harcèlement de rue dont sont victimes les femmes à Paris. Avez-vous observé un changement dans la situation depuis lors ?
Charlotte Rocher : Avant d’emménager, en 2018, dans le nord-est de Paris, je ne soupçonnais pas ce que les femmes pouvaient endurer en plein jour et en toute impunité dans certains quartiers. Le silence des militantes de gauche sur cette réalité est accablant. Traverser Barbès, Stalingrad ou Jaurès, signifiait s’exposer systématiquement au risque d’être importunée, que ce soit par des remarques sexistes ou par des violences physiques. Dans ces quartiers, les agresseurs avaient toujours le même profil : des hommes d’origine étrangère, présents dans la rue toute la journée, souvent occupés à des trafics illicites. Dès qu’une femme passait, elle devenait une cible.
Je peux en donner quelques exemples : un jour, alors que j’attendais devant la brasserie Barbès, un homme, posté devant la station de métro en quête de clients, a traversé la rue juste pour se masturber devant moi.
Une autre fois, au même endroit, un homme m’a saisie par le bras alors que je circulais à vélo pour me proposer une passe. La seule échappatoire pour moi a été de quitter ce quartier, que j’évite désormais. Cette situation perdure depuis des années et continuera tant que la gauche parisienne restera dans le déni. En effet, nos élues ‘féministes’ de gauche en sont encore à tenter d’identifier le problème en organisant des “marches exploratoires”…
LA LANTERNE : Vous êtes associée au mouvement #SaccageParis. À titre personnel, que reprochez-vous principalement à la politique menée par Anne Hidalgo à Paris ?
Charlotte Rocher : Mon engagement parisien se retrouve pleinement dans le mouvement #SaccageParis, qui soulève des enjeux qui me tiennent particulièrement à cœur.
Avant tout, il s’agit de dénoncer la mauvaise gestion d’Anne Hidalgo, qui a conduit à une explosion de la dette de la capitale durant ses 10 années de mandat. La dette de Paris est passée de 3,7 milliards d’euros en 2014 à plus de 10 milliards d’euros aujourd’hui, soit une augmentation de 17 % par an. La situation est si critique que la maire a dû augmenter les impôts des Parisiens, malgré sa promesse initiale de ne pas les toucher.
Mais pour quelle amélioration ? L’espace public se dégrade de plus en plus et la ville devient de moins en moins sûre. Où va l’argent ?
Ce sont également les gaspillages budgétaires que je dénonce. Anne Hidalgo et son équipe dilapident l’argent public dans des projets de réaménagement bâclés ou par le biais de subventions versées à des associations dont on peut douter que leurs projets présentent un véritable intérêt pour les Parisiens. Plus de 250 millions d’euros de subventions sont accordés chaque année par la majorité d’Hidalgo, une somme en constante augmentation malgré les difficultés financières qui ont poussé la ville à augmenter la taxe foncière.
Certaines subventions posent question : 15 000 € pour l’association Quartier du monde afin de "promouvoir un modèle alternatif durable avec une perspective de genre" en Colombie, ou encore 10 000 € pour l’association Wado Academy Paris pour pratiquer un karaté solidaire à Madagascar, tandis que la municipalité est incapable de réparer les nids de poule ou d’assurer la propreté des rues parisiennes.
D’autres subventions sont attribuées à des structures étonnamment proches du pouvoir en place. L’association Les Canaux, par exemple, a reçu près de 3 millions d’euros depuis 2017 et occupe un bâtiment de la Ville de Paris à un loyer dérisoire. Sa directrice, Elisa Yavchitz, a même été candidate sur la liste d’Anne Hidalgo aux législatives de 2022. En somme, Anne Hidalgo a transformé la Mairie de Paris en un guichet social pour des associations militantes ou amies.
Un autre scandale de cette municipalité est l’imposture écologique. Anne Hidalgo se vante d’intégrer l’écologie dans toutes ses politiques, mais la réalité est tout autre. Sous la gestion PS-EELV-PCF, les arbres de la capitale sont maltraités : on gonfle artificiellement les chiffres de plantation en comptabilisant de jeunes pousses comme des arbres, on abat des arbres anciens faute d’entretien, et on bétonne la ville avec des projets immobiliers destructeurs, comme celui de la rue des Meuniers dans le 12e arrondissement ou le projet écocide de la Tour Triangle dans le 15e arrondissement. Les projets de réaménagement prévoyant l’abattage d’arbres centenaires se multiplient, notamment autour de la Tour Eiffel et de Notre-Dame. Heureusement, grâce à la mobilisation des associations de défense de l’environnement et des Parisiens engagés dans #SaccageParis, dont je fais partie, certaines aberrations écologiques ont pu être évitées.
La Lanterne : Quelle est la réalité des résultats des législatives ? Pourquoi la victoire revendiquée par l’alliance des gauches est-elle contestée ?
Depuis l'été, l'un des sujets qui me mobilise particulièrement est de rétablir la vérité sur les résultats des législatives et de déconstruire le mythe de la prétendue victoire de l'alliance des gauches. Les Insoumis et leurs alliés se vantent dans tous les médias, sans être contredits par les journalistes, d'être arrivés en tête des législatives, ce qui est faux.
Bien que leur alliance ait remporté le plus de sièges, c’est le Rassemblement National qui a recueilli le plus de voix. Si le Nouveau Front Populaire était réellement majoritaire, il pourrait renverser le prochain gouvernement sans difficulté !
En réalité, en additionnant les voix, la gauche et l'extrême gauche obtiennent 7 047 825 voix, tandis que la droite et l'extrême droite en totalisent 12 615 368.
La France est majoritairement à droite, il n’y a donc aucune raison de former un gouvernement de gauche. À mon avis, le NFP en est parfaitement conscient, mais la propagande autour des législatives vise un seul objectif : ébranler la confiance dans notre système démocratique pour mieux le fracturer.
Plus largement, je m'efforce de combattre la désinformation incessante que les Insoumis propagent sans retenue.
Entretien réalisé par la rédaction de la Lanterne.
Merci de faire découvrir cette jeune personne que je ne connaissais pas mais qui semble avoir des idées plus que louables
La chronique décrit ce que j ai pu constater. Moi même. ... Quand au harcèlement. De rue mon amie de l époque l à vécu elle même ...
Je constate que nos élites et certains corps de métiers ne sont jamais responsables..... C est troublant.....